Hommage à Marc Mathis dna du21/11/2015 + video

Dernier vol de « Léon », immense pilote
Les terribles événements des derniers temps ne peuvent laisser dans l’ombre la disparition d’une figure immense de l’aéronautique. Marc Mathis, mort dans un crash près de Strasbourg, était un pilote comme on n’en fait plus guère.

Un article paru dans les DNA du 15 novembre a révélé qu’un ULM s’était écrasé pas très loin de l’aéroport d’Entzheim. « L’avion était petit et peu puissant mais l’homme qui était aux commandes était exceptionnel », explique Adrien Schneider, grand connaisseur de tout ce qui touche à l’aviation.
« Issu de l’aéro-club du Neuhof, Marc Mathis, dit « Léon », pilotait des avions de légende comme le Mustang, le Focke-Wulf 190, les Zlin, les Yak russes, le L39 à réaction, en passant par le fameux trimoteur dont Hitler se servait, le Junker JU52, rappelle avec admiration Adrien Schneider. Il était qualifié sur près de 200 types d’avions, était instructeur, pilote de ligne, pilote d’essais, pilote de voltige et de démonstration… Un pilote de chasse de l’armée de l’air lui a avoué qu’il n’aurait jamais aimé l’avoir en face de lui dans un combat aérien. Le plus beau des compliments, pour lui. »
« Né avec des ailes »
Pour Frédéric Mendelssohn, autre passionné, « son talent de pilote d’avions anciens, sa virtuosité, son charisme forçaient le respect et l’admiration. Marc était abordable, humble et ne tarissait pas de blagues. Il fut mon instructeur il y a plus de 25 ans. Sa conception de la voltige aérienne n’était pas la compétition mais un vol alliant la prouesse à la pureté d’une figure. »
L’annonce de sa venue dans un meeting « garantissait le succès, tant en France qu’en Allemagne. Il assurait le show en l’air comme au sol. C’était un saltimbanque. Ses réparties, son sens de la formule pimenté d’un accent alsacien qu’il cultivait pour la circonstance étaient irrésistibles. »
Adrien Schneider estime que « Marc était de ces hommes rares, né avec des ailes, toujours prêt à conseiller les jeunes pilotes. Il m’avait un jour accompagné sans hésiter pour récupérer une petite fille gravement malade en Roumanie car je n’étais pas qualifié sur l’avion que notre regretté René Mary avait gentiment prêté ».
Crash à 250 km/h
Sur Internet lui sont rendus de nombreux hommages, notamment en Alsace. « Il a toujours été présent aux meetings aériens, dont le dernier à Haguenau. »
Ce pilote d’exception alignait 25 000 heures de vol. « Il a connu près d’une quinzaine de pannes totales qu’il avait su gérer avec un calme absolu, dit Adrien Schneider. Il s’en était sorti à chaque fois. J’avais assisté au vol d’essai d’un Focke-Wulf 190, construit à l’échelle 1. C’était à Dole il y a 5 ou 6 ans, on l’entendait à la radio discuter avec les ingénieurs au sol alors qu’il pilotait une machine surpuissante qu’il poussait à l’extrême. C’est avec cet avion qu’il a connu une panne très sérieuse à Toulon. Pour éviter de faire prendre des risques aux gens sur la plage, il a gardé les commandes jusqu’au bout et il est allé à l’eau à 250 km/h. Il m’avait raconté que la chance lui avait souri : deux jet-skieurs l’avaient sauvé de la noyade en coupant les sangles de sa ceinture qu’il n’arrivait pas à déverrouiller. »
Frédéric Mendelssohn se souvient même que « à chaque « vache » (atterrissage en urgence pour panne) il s’amusait à coller une étiquette de « Vache qui Rit » sur sa verrière ». Il était sorti indemne d’un accident extraordinaire à Longwy : alors qu’il était « aligné » au sol, à l’arrêt, prêt au décollage, un T6 Harvard au sortir d’une figure hasardeuse s’est écrasé sur l’aile gauche de son Zlin 526L. Marc Mathis s’en était sorti avec une égratignure au crâne.
« Léon » effectuera son dernier vol le samedi 28 novembre en l’église Saint-Paul de Strasbourg en présence de ses très nombreux amis pilotes de toute l’Europe.

Video à voir:
https://youtu.be/TXnsSe7WOw8

Merci Bernard. Belle vidéo.